I.
De 1219 à 1260: Renier
de Udekem
Sous le règne de Henri I, duc de Brabant et de Lothier, vivait à
Pellenberg, près de Louvain, un seigneur “fort recommandable par ses mœurs
et par sa façon de vivre, doué d’une probité et d’une piété dignes de
son illustre extraction.” C’était le chevalier Rasse de Udekem,
seigneur de Udekem, de Scaffene et de Lubbeke[1].
Par son état de fortune et par son a1liance avec l’illustre maison de
Diest, le sire de Udekem prenait rang parmi les premiers personnages de la
noblesse brabançonne. Aussi, en 1156, il fut convoqué avec les principaux
vassaux du Brabant pour assister à l’imposante assemblée où les tuteurs du
comte de Louvain, Godefroi III, vinrent rendre compte de leur gestion et déposer
solennellement leurs pouvoirs entre les mains de leur seigneur[2].
De son mariage avec Marguerite de Diest, Dame de Pellenberg[3],
Rasse de Udekem avait eu sept filles et neuf fils. Sept de ces derniers
devinrent de pieux chevaliers, dignes imitateurs des vertus de leurs pères[4];
mais entre tous se distingua le plus jeune, le Sire Renier, par son caractère
chevaleresque et par sa foi vive. Ce fut à lui qu’échut, après le décès
de Rasse de Udekem et de sa femme, un manoir situé près du village de
Pellenberg, berceau futur de la corporation, dont nous avons entrepris
l’histoire.
Bientôt le chevalier Renier songea à se marier. Il choisit bien et
obtint une pieuse et noble damoiselle issue du plus noble sang du Brabant:
Laurette de Perwez, et d’Aleyde d’Orbais[5][6].
Sept fils et huit filles furent les fruits de cette union.
La pieuse dame, encouragée par l’exemple de son oncle paternel, saint
Albert de Louvain, se dévoua toute entière à l’éducation de ses enfants.
Elle leur inculqua de bonne heure, avec le respect des préceptes de l’Eglise,
le goût des choses saintes. De son coté, le chevalier Renier seconda les pieux
efforts de la jeune châtelaine et instruisit ses fils dans les devoirs de la
chevalerie féodale.
Seulement quand les quinze enfants eurent grandi en force et en vertu, la
tâche du sire de Pellenberg fut loin d’être accomplie. En bon père de
famille, il dut se préoccuper de l’avenir de sa race, et, à vrai dire, sa
position fut difficile. Quant aux fils, les lois du temps leur accordaient des
privilèges, ils avaient leur épée pour gagner leurs éperons, mais que faire
de huit filles? Comme le remarque naïvement le vieux chroniqueur de Gempe, ”les
ressources n’étaient point suffisantes pour les marier noblement et comme
il aurait convenu à leur rang, et leur père crut bientôt qu’il était plus
utile et plus salutaire de les consacrer à un époux immortel que de leur
donner des époux mortels d’une origine inégale.”
Le sire de Udekem résolut donc de consacrer ses filles au service de Dieu
et il poursuivit son projet avec d’autant plus d’ardeur que ses enfants
elles-mêmes l’y engageaient toutes.
Il
commença par visiter successivement un grand nombre de monastères de l’ordre
de Citeaux. Plus d’une de ces pieuses retraites aurait répondu parfaitement
à ses vues, ainsi qu’a celles de ses enfants, si les supérieurs conventuels
n’eussent formellement refusé d’admettre les nombreuses postulantes. Le
pieux gentilhomme n’était possesseur que d’une fortune médiocre, et, en
conséquence, il ne pouvait suffisamment doter ses filles. Contrarié de ce coté
Renier chercha un autre moyen de réaliser les vœux de ses enfants.
"Or, nous dit le chroniqueur, un jour de Pentecôte, que le chevalier
assistait aux offices divins, il adressait à Dieu les prières et les oraisons
les plus ferventes, et le suppliait, comme distributeur de tous biens, de
daigner lui accorder la grâce de disposer de ses filles et de lui-même en
l’honneur et gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ et pour le salut de leurs
âmes et de la sienne. A peine eut-il achevé sa prière que, tout-à-coup,
par révélation du Saint-Esprit, il conçut l’idée de fonder en sa
propre maison un couvent et d’y affecter tous les biens qu’il tenait de
ses parents, déduction faite de la part à laquelle ses fils avaient
droit."
Le
chevalier s’empressa de communiquer son projet à sa famille; il reçut une
approbation unanime et ses filles le supplièrent de l’exécuter sans retard.
On mit aussitôt la main à l’œuvre et, en très peu de temps, le manoir de
Pellenberg eut ses cellules, sa chapelle et son cloître. Dès le jour de
l’Ascension de l’an 1219, le chevalier de Udekem put inaugurer ses nouvelles
constructions et les consacrer au service de Dieu. En même temps les huit dames
revêtirent le froc blanc des Norbertines; elles jurèrent de se dévouer au
glorieux Ordre, dont l’illustre archevêque de Magdebourg avait jeté les
fondements[7]
et, à peine installées dans leur retraite, elles donnèrent l’exemple de
toutes les vertus, partageant les heures du jour et de la nuit entre la prière,
la méditation et les oeuvres de charité.
Le premier pas était fait, mais il fallait maintenant consolider la
fondation, à peine éclose. Soucieux de l’avenir, Renier s’appliqua lui-même
à augmenter les ressources de son couvent. Il mit dans ses intérêts sa sœur,
dame riche et vertueuse qui habitait un château sous Corbeck-over-Loo et dont
la fille unique, nommée Elisabeth, avait pris le voile dans la noble abbaye
de Herckenrode, à Curange, au comté de Looz[8].
Cette dame et le sire de Pellenberg engagèrent la jeune religieuse Elisabeth à
venir prendre la direction du nouveau monastère et à y affecter tous ses
biens.
La chanoinesse de Curange n’obtint qu’à grand peine la faveur que sa mère
et son oncle réclamaient d’elle. Cependant, sur les instances pressantes de
puissants amis, son abbesse lui permit enfin de se rendre à Pellenberg, pour
initier ses cousines aux observances de la vie monastique régulière et pour
prendre le gouvernement de la communauté improvisée.
Ce fut un succès important, mais de nouvelles difficultés ne tardèrent
pas à surgir et à menacer la fondation de Renier de Udekem. Iwan de Bierbeeck,
abbé de Parc[9],
commença par s’opposer à l’œuvre du gentilhomme et de Laurette de
Perwez, lorsqu’il fut informé de l’érection d’un couvent de son ordre,
dans le château de Pellenberg. Quand il engagea le chevalier à renoncer à
son entreprise, celui-ci ne promit rien, mais il résolut d’exposer ses réclamations
devant le Chapitre général de l’Ordre des Prémontrés, qui devait
s’assembler peu de temps après.
Le moment étant venu, le sire de Udekem se présenta aux frères réunis
en Chapitre, et leur exposa sa demande avec toute la force et tout le respect
que lui inspirait sa piété. Il les pria de prendre ses motifs en considération,
de ne point détruire son oeuvre naissante et de vouloir, au contraire,
encourager sa pieuse entreprise. Il leur représenta la pureté de ses
intentions: n’ayant en vue, disait-il, que la gloire de Dieu et le bien
spirituel de ses filles.
Les membres du Chapitre, touchés du ton de conviction avec lequel le
chevalier venait de leur parler, auraient volontiers consenti à l’admission
de ses filles dans leur Ordre; mais il fallait avant de prendre cette décision
s’ assurer des vertus et de la persévérance des jeunes postulantes. Ils
engagèrent donc le sire Renier à persister dans ses pieux sentiments, lui
promettant de faire droit à sa requête, si rien ne venait s’y opposer.
En attendant, ils permirent que quelques moines de leur règle célébrassent
les offices divins, en faveur de sa communauté naissante. Ils choisirent même
Baudouin, chanoine régulier de l’abbaye de Tongerloo, pour directeur de la
maison de Pellenberg[10],
en lui adjoignant, comme coadjuteur, un autre moine de l’ordre des Prémontrés.
C’était déjà un gage de future prospérité pour la corporation que le
gouvernement d’un homme remarquable et d’une sainteté reconnue[11],
et l’abbé de Parc, lui-même, qui avait été ému par le discours du
chevalier, devint dès lors un de ses plus ardents défenseurs.
Les encouragements que le chapitre des Prémontrés avait donnés à Renier
redoublèrent la ferveur des religieuses. En peu de temps, la renommée de
leurs vertus se répandit dans tous les alentours, et l’opinion publique
elle-même s’intéressa à la naissante abbaye: en 1220, alors qu’elle n’était
pas encore reconnue, Egide de Winghe la gratifia de quatre bonniers de terre,
situés à Pellenberg[12].
Une année s’était donc écoulée depuis que les huit damoiselle avaient
pris le voile (1220) et, tandis que leurs prières appelaient la protection du
ciel sur leur institution, leur père n’avait cessé de travailler à gagner
l’appui de l’autorité diocésaine. L’époque tant désirée de la réunion
annuelle du chapitre général de l’Ordre des Prémontrés approchait de
nouveau. Renier s’y rendit, plein d’espoir, et plaida une seconde fois sa
cause (1221). Il se prévalut de la promesse que les révérends abbés avaient
daigné lui faire l’année précédente, et s’appuya en outre sur la réputation
de sainteté qu’avaient acquise ses filles.
Cette fois Udekem obtint l’autorisation de fonder définitivement le
monastère. Le Chapitre délégua Jean de Hoioul, abbé de Floreffe[13],
Salomon, abbé de Tongerloo[14],
et Baudouin, abbé d’Averbode[15],
pour désigner l’endroit où l’on érigerait le nouveau cloître. Ces Prélats
choisirent un terrain, situé sous Pellenberg, dans les propriétés du sire de
Udekem, et la communauté fut placée sous la dépendance de l’abbaye de Parc.
En vertu de ses constitutions, elle eut le droit de se choisir un Prévôt parmi
les religieux norbertins, sauf à faire confirmer l’élection par le père abbé.
La première élection eut lieu sous la présidence de l’abbé de Parc,
Iwan de Bierbeeck. Les suffrages unanimes se portèrent sur le digne chanoine
de Tongerloo, qui déjà avait été chargé, durant une année, de la direction
provisoire du monastère[16].
Iwan fut charmé du choix des religieuses. Il s’empressa de confirmer les
pouvoirs de Baudouin, et reçut, en même temps, le vœu solennel d’obéissance
que les filles de Pellenberg devaient prêter entre ses mains. Le même jour
le sire de Udekem fit cession au couvent de tous ses biens, ne se réservant
pour vivre que les propriétés qu’il tenait du chef de Laurette de Perwez, sa
femme. La ferme, avec les autres terres, que le prieuré de l’Ile-Duc possédait
encore au XVe siècle sous Pellenberg, provenait probablement encore de cette
première dotation[17].
Baudouin de Tongerloo, après avoir dirigé la communauté pendant trois ans
et demi avec la plus grande sagesse, rendit l’âme en 1222. Sa mort jeta le
couvent dans la consternation; on le vénéra bientôt après comme un saint et
on invoqua son assistance pour le choix de son successeur.
Les religieuses élurent un homme habile et éclairé, nommé Gilles,
chanoine de l’abbaye de Ninove[18]
[19].
Il gouverna la maison pendant plus de cinq ans et s’occupa activement à développer
les éléments de prospérité de la nouvelle institution. Il réclama de la générosité
de Henri I, duc de Lothier et de Brabant, une pièce de terre et un moulin, situés
au bord d’un vivier, dans un endroit nommé Gempe, dépendant pour le
spirituel de l’église de Winghe St. Georges, et se trouvant à peu de
distance de ce village. En demandant cette propriété au prince, le prévôt
avait l’intention d’y transférer le couvent de Pellenberg. Le vieux manoir
devenait trop restreint et ne se prêtait guere à être agrandi, tandis que
Gempe semblait réunir toutes les conditions de salubrité et de situation
favorables au développement d’une abbaye. Ce hameau, au milieu des bruyères,
ne pouvait que gagner au contact d’un établissement religieux; le duc de
Brabant accueillit donc la demande du prévôt et avec d’autan plus de faveur
que la fondation de Pellenberg intéressait sa famille: nous avons vu que
Renier de Udekem était allié du chef de sa femme au duc Henri le Guerroyeur.
Par charte, datée de décembre 1229[20], le duc octroya aux
filles de Pellenberg, du consentement de son fils majeur Henri,[21]
une étendue de douze bonniers de terres labourables, prairies, bois et marais.
Il mit cette propriété à la disposition des donataires pour y bâtir un
monastère, et leur céda en même temps le moulin situé près du vivier[22]:
le tout sous forme de donation perpétuelle, à titre d’aumône. Le duc se déclarant
protecteur du couvent et lui promettant l’appui de ses successeurs, lui
accorda enfin le droit de pâture et de pêche.
A la suite de cette munificence, le chanoine de Ninove s’empressa de faire
construire à Gempe quelques cellules et un oratoire qu’il dédia à la Ste.
Vierge. La consécration solennelle de l’autel et d’un cimetière fut faite
en 1226, le dimanche de Laetare, par le célèbre Jacques de Vitry (de
Vitriaco), alors suffragant de l’évêque de Liège[23].
Les religieuses quittèrent définitivement leur maison de Pellenberg pour se
fixer à Gempe, la même année, pendant l’octave de St. Martin (1229)[24].
Ce changement de résidence se fit avec pompe: l’abbé de St. Martin de Laon[25],
celui de Parc, Henri de Bruxelles et d’autres personnages considérables étaient
présents à la cérémonie.
Dès l’année 1230, sur la demande du duc de Brabant lui-même[26],
l’évêque de Liège, Jean d’Aps ou d’Heppes (de Apia) prit le nouveau
monastère sous sa protection et lui accorda l’immunité ecclésiastique[27].
Quant à l’ancien couvent de Pellenberg, il devint plus tard la propriété de
l’abbaye de Parc, qui en fit probablement raser les bâtiments[28].
A partir de l’installation de la communauté de Pellenberg dans le nouveau
couvent à Gempe, celui-ci prit le nom de Prieuré de L’Ile Duc (Insula
Ducis )[29]
[30].
D’après la chronique, qui nous sert de guide, le nom de 1’Ile-Duc
n’aurait été adopté qu’à l’époque de la troisième translation du cloître:
mais nous voyons que bien auparavant, en 1230, Jean d’Heppe, évêque de Liège,
désignait les religieuses de Gempe sous le nom de Filiae ecclesiae Insulae
Ducis[31].
Depuis l’époque où la communauté norbertine se fut installée à Gempe,
elle ne cessa de se rendre digne des faveurs dont le souverain et les supérieurs
ecclésiastiques l’avaient gratifiée. Les exercices religieux y florissaient
dans toute leur pureté; les enfants des alentours venaient puiser au monastère
les éléments essentiels de là religion et y recevaient l’instruction
gratuite sur les bancs de l’école. Tant de bonnes oeuvres ne restèrent point
sans fruits. A part l’heureuse influence que le couvent exerçait dans la localité même, il attirait encore bon
nombre de nouvelles postulantes; bien des jeunes filles vinrent oublier ce siècle
de rudesse dans la retraite de Gempe, et y jouir des bienfaits d’une ère de
civilisation anticipée.
Gilles de Ninove remplissait ses fonctions avec une sagesse et un zèle au
dessus de tout éloge, lorsqu’un an après, en 1231, il fut nommé au siège
abbatial de Heylissem[32].
Il fallut alors procéder au choix d’un nouveau directeur. Les suffrages
des religieuses se portèrent sur un moine de l’abbaye de Bonne-Espérance, en
Hainaut, nommé Salomon, qui avait été antérieurement abbé de Tongerloo[33].
Ce prêtre n’était pas inconnu aux dames de Gempe: il avait été l’un des
trois prélats qui avaient présidé au premier établissement de la fondation
de Renier de Udekem. Salomon ne remplit sa charge que pendant un an et mourut en
1231.
C’est dans le courant de cette même année, au dire de notre Chroniqueur,
que l’on vit surgir le prieuré du Val des Lys (Leliëndael), à Hombeeck, près
de Malines; plusieurs auteurs recommandables, tel que Foppens[34],
de Munck[35] et autres, en rapportent
la fondation à la même époque. Il nous paraît de partager leur avis; nous préférons
suivre l’opinion du généalogiste de la famille Berthout, qui fixe la
fondation de Leliëndael, par Wauthier Berthout, seigneur de Malines, et par sa
femme Adelaïde, à l’an 1223. Le motif de cette préférence est péremptoire:
c’est que, en 1228, le pape Grégoire IX accordait déjà au prieuré du Val
des Lys le droit d’administrer les sacrements aux serfs de ses domaines, ainsi
que l’exemption des dîmes[36].
Il existait donc avant 1231. Seule, la question de la date précise de cette
fondation jette les auteurs dans le désaccord, mais tous sont unanimes quant
aux origines du personnel religieux de cette communauté. A Leliëndael, comme
à Gempe, le fondateur voulait faire adopter la règle norbertine. Or les supérieurs
de l’Ordre des prémontrés ne crurent pouvoir mieux faire que de confier
l’organisation de la nouvelle communauté aux filles de l’abbaye de
l’Ile-Duc. Quelques religieuses quittèrent donc Gempe et vinrent prendre
possession du couvent de Hombeeck[37].
Il n’existe rien dans les archives de Gempe et de Leliëndael relativement
aux premières chanoinesses de ce dernier monastère. Nous en ignorons le nom et
le nombre; seulement il est établi que, parmi elles, se trouvait au moins une
des filles du sire de Udekem. Nous trouvons, en effet, qu’à la première
prieure du Val du Lys, appelée Elisabeth, succéda, en 1246, Marguerite de
Udekem[38].
Mais revenons à Gempe. A la mort du prévôt Salomon, ce fut Arnold, prêtre
de l’abbaye de Grimbergh[39],
qui prit en mains la direction spirituelle du monastère[40].
Après onze ans de ministère Arnold demanda à se retirer dans son abbaye de
Grimbergh, et cette faveur lui fut accordée au grand regret de la communauté
de Gempe (1243). Sous l’administration de ce directeur, vieux et éclairé,
plusieurs donations[41]
étaient venues enrichir le monastère de 1’Ile-Duc.
Les religieuses qui se trouvaient sans directeur depuis le départ
d’Arnold, rappelèrent de nouveau Gilles, le chanoine de Ninove, qui déjà
les avait si saintement gouvernées, treize ans auparavant. Ce religieux
venait de déposer, motu proprio, la crosse abbatiale de Heylissem[42].
Il s’empressa de revenir à l’abbaye de 1’I1e-Duc, dont il était comme le
second fondateur, s’appliqua aux travaux d’embellissement et
d’agrandissement, mais veilla surtout au maintien de la discipline religieuse.
D’accord avec les norbertines, il projeta de rebâtir une seconde fois le
monastère. Avant de mettre la main à l’œuvre il montra que son emplacement
actuel offrait de graves inconvénients: le sol était humide et marécageux et
l’eau à peine potable; ensuite les bâtiments se trouvaient trop près de la
grande route et on n’y jouissait point assez de la solitude qui convient à
une maison de recueillement et de prière[43]. Le vénérable prévôt
fit ces représentations à la communauté et proposa de rebâtir le cloître à
quelque distance de là, sur un terrain plus élevé. Sa proposition, appuyée
de bonnes raisons, fut généralement gouttée par les religieuses, de sorte que
les travaux furent entrepris immédiatement sous l’intendance particulière du
pieux chanoine. Ce projet de reconstruction déplut singulièrement à l’abbé
de Parc, Alard de Tervueren, et à son prévôt, Henri de Stocke, connu dans les
archives de Parc sous nom de Henri Baculus de Lovanio. L’un et l’autre
reprirent sévèrement le directeur de Gempe, et Henri alla même jusqu’à prédire
une mauvaise issue à l’entreprise. Gilles n’en continua pas moins ses
constructions, plein de foi dans la bonne réussite de son oeuvre. Il se fondait
sur une prédiction que lui avait faite la prieure du monastère Elisabeth:
d’après elle l’exécution du plan devait être commencée par lui, mais
achevée par son successeur. Chose singulière, déjà l’édifice se dressait
sur la hauteur lorsque Gilles, accablé par le poids de son grand âge, se vit
obligé de se démettre de ses fonctions et de retourner à son abbaye de
Ninove. On était alors en l’année I250[44].
Le second séjour du bon chanoine parmi les filles de Renier de Udekem avait duré
sept ans et, tout compte fait, il avait gouverné le monastère pendant quinze
ans. Gilles vécut encore quelque temps dans son abbaye et y termina sa vie
laborieuse en odeur de sainteté[45].
Immédiatement après la retraite de Gilles, les religieuses appelèrent à
elles Henri de Stocke, dit Baculus, le Prévôt de l’abbaye de Parc, celui-là
même qui s’était si énergiquement opposé aux projets de reconstruction de
Gilles de Ninove. Malgré son ancienne aversion pour 1’oeuvre de son prédécesseur,
le nouvel élu poursuivit activement l’achèvement des travaux entrepris.
Bientôt le pieux asile put recevoir ses hôtes, et les religieuses en prirent
possession le jour de la St.Nicolas, en 1252[46],
en présence de leur Père-Abbé, Alard de Tervueren, et de quelques personnages
éminents du clergé.
Les filles de l’Ile-Duc, en quittant leur maison de Gempe[47],
avaient le chagrin de quitter une terre où reposaient les restes mortels de
leurs consoeurs décédées. E1les manifestèrent le désir d’en transférer
les dépouilles dans leur nouvelle demeure. Henri de Stocke désapprouvait cette
intention. Cependant d’après le chroniqueur, il ne tarda guère à changer
d’avis, à la suite d’une vision que le ciel lui envoya ; c’était
l’esprit de ces temps d’envisager toutes choses au point de vue surnaturel.
Une nuit, dit-on, que le Prévôt dormait profondément, il se sentit
soudainement frappé de crainte et d’horreur: il lui sembla que toutes 1es
religieuses, enterrées à Gempe, lui apparaissaient enveloppées dans leurs
suaires, et lui demandaient pourquoi il leur refusait le repos de la tombe au
milieu de leurs consœurs. A son réveil, Henri, tout troublé, fit part de son
terrible rêve à la communauté et prit la résolution d’opérer aussitôt la
translation des restes des défuntes. Il se rendit lui-même, suivi de toutes
les religieuses, au cimetière de Gempe. L’exhumation se fit; et le convoi funèbre
se dirigea vers le nouveau couvent, au chant de l’office des morts.
Le prévôt resta encore un an à l’Ile-Duc, jusqu’à ce qu’enfin,
exténué par les travaux, il se retira dans son abbaye de Parc (1253)[48].
A cette époque, 34 ans s’étaient déjà écoulés depuis la fondation du
monastère par le sire de Udekem. La marche de l’abbaye avait été
constamment progressive; le nombre des religieuses s’était notablement accru;
les pieuses donations n’avaient cessé d’augmenter leurs ressources; et de
la part des souverains du pays, elles avaient toujours été l’objet d’une
bienveillance spéciale[49].
Ce fut alors que Renier de Udekem mourut.
Renier et son épouse Laurette avaient eu la consolation de voir leur
fondation établie et dans un état prospère. Le pieux seigneur eut une fin
digne de sa vie; sa mort fut celle d’un chevalier chrétien. La chronique
rapporte que son décès eut lieu environ trente ans après l’érection de son
monastère et cette date concorde assez exactement avec celle qui était indiquée
sur sa tombe. D’après ce monument le chevalier mourut le 5 décembre 1250; et
la dame de Udekem, Laurette de Perwez, seulement le 8 novembre 1254. Le sire de
Udekem fut enterré avec pompe, dans l’église de Pellenberg[50],
et le Chroniqueur nous rapporte que les funérailles se firent dans le couvent.
Ce détail nous porte à croire que le chevalier se serait retiré dans une
partie du cloître et qu’il y serait mort entouré de ses pieuses enfants.
Le septième prévôt de l’abbaye de Gempe fut un chanoine régulier de
St. Michel à Anvers, nommé Arnold. Ce moine se démit de ses fonctions après
quatre ans en 1257. Son successeur fut Guillaume de Hontsheim, religieux de Parc[51].
Depuis ce moment, le monastère fut exclusivement administré, à une
exception près, par des chanoines de Parc portant le titre de Prévôt, plus
tard simplement celui de prieur. Ce directeur était élu par les religieuses,
réunies en chapitre; il recevait l’investiture de son abbé, et avait la prérogative
de nommer aux cures vacantes, dont l’abbaye avait le patronage[52].
I. De 1219 à 1260: Renier de Udekem
[1]
Udekem
est une ancienne cour féodale située sous Corbeeck-over-Loo et Bierbeeck,
près de Louvain cfr. EDM. POULLET, "Les juridictions et la propriété
foncière dans le quartier de Louvain au XVe, siècle
[2]
Arch. partic. Extrait d’une ancienne chronique manuscrite: 1156 Tutores
Ducis fuerat Grardi de Wesemale, Arnold de Wemmel, Herici de Gaesbeke, Art
de Rotselaer, qui "abdicarunt comitis nobilis brab. Lovanii indictis.
Aderat hic Goswine de Heverlé, Godefridus de Rotselaer, frater Arnoldi
Henricus de Bauterse, Arnold de Crayenhem, Arn. de Diest, Arn. de Walhain,
Reginerus de Lovanio, ,Walt de Bierbeke, Ecbertus de Bygaerden, Arn. de
Velpa, Ad. de Jacca, Regiso de Udechem, Grard de Whellebeca, Walter de
Bavechineo, Arn. de Ysca, Walt. de Eppeghem, Bertholdus de Saventhem, Walt.
Castellanius Vurensis, Livine, Castellan, Bruxell. Berno de Attenhove,
Bastini Limalensis
[3]
Généalogie de la famille d’Udekem, reposant au ministère des affaires
étrangères. Ce document est dressé par Jérome de Becberghe, premier roi
et héraut d’armes et conseiller des Infants Albert et Isabelle; il est daté du 19 avril 1621 et appuyé de preuves, tirées d’actes publics et
privés, de pierres tumulaires et de quartiers.
[4]
Chroniq. mss.- A. Miraeus, Donat. Belgic., -p. 586.
[5]
Généalogie de la famille d’Udekem par Jérome de Becberghe: archives du
ministère des affaires étrangères. Cfr. plus haut - Le trésor des privilèges
de Bruxelles.
[6]
Les sires de Perwez formaient une branche cadette des comtes de Louvain,
ducs de Brabant. Guillaume de Louvain était frère utérin de Henri I
dit le guerroyeur, duc de Brabant et de Lothier, et de St. Albert de
Louvain, évêque de Liège. Le duc Godefroy III épousa Marguerite de
Limbourg, dont il eut entre autres enfants le duc Henri I et St. Albert, il
épousa ensuite Imaine de Looz.
[7]
St. Norbert naquit à Santen, dans le duché de Cleves, en 1081. I1 fonda
en 1120, à Prémontré, près de Laon, l’Ordre dit des Prémontrés et
mourut archevêque de Magdebourg, l’an 1134.
[8]
De l’Ordre de Citeaux.
[9] L’abbaye de Parc, près de Louvain, de la règle norbertine, fut fondée en 1129 par Godefroy le Barbu - Divaeus, Annal. Lovan.
[10]
Chronique de Gempe. Catalogus praepositorum monasterii Insul. Ducis.
Archives de l’abbaye de Parc.
[11]
Sanderus, Chorographia sacra Brabant. , dit en parlant de Baudouin:
Vir singularis prirnus praepositus atque pastor monalium praemonstrat.
ordinis tunc in Pellenberg.
[12]
Cartulaire du prieuré de Gempe. Archives, de 1’abbaye de Parc. Le savant
bibliothécaire de l’abbaye de Parc, M. le chanoine Dillen, nous a ouvert
les riches archives de son abbaye, avec une obligeance toute particuliere,
et nous a prêté son concours bienveillant; nous lui en témoignons ici
toute notre reconnaissance. Nous rendons également hommage au R. P.
Deynoodt, qui nous a fourni d’intéressants renseignements et dont le
concours nous a été de la plus grande utilité.
[13]
Jean de Hoioul, neuvième abbé de Floreffe, élu en 1220, abdiqua en l239,
FISEN, "Flores eccles. Leod."
[14] Salomon, huitième abbé de Tongerloo, décéda l’an 1222. SANDERUS, " Chorogr. sacra. Brabant.
[15]
Baudouin, septième abbé d’Averbode, était l’ami de cœur de St. Engelbert,
archevêque de Cologne; il mourut en 1226. VAN GESTEL, "
Historia archiep. Mechlin.
[16] WICHMANS, Brabantia mariana, p. 789. Necrologum Tongerloen. 16 kalend. april.
[17]
Cartulaire de Gempe. Archives de Parc. EDM. POULLET, “ Les
juridictions et la propriété foncière dans le quartier de Louvain au XVe
siècle.
[18]
WICHMANS, Brabantia mariana, 790.
[19]
L ‘abbaye de St. Corneille et Cyprien suivait la règle de St. Norbert.
Elle fut fondée à Ninove en 1137. SANDERUS, “ Flandria illustr.”
[20] MIRAEUS, Notitia Eccles. Belgic., p.748. Cartulaire du prieuré de Gempe. Littera E. archives de l’abbaye de Parc.- MOLANUS, p. 216 et 217. T. I. dit décembre.
[21] Plus tard Henri II, dit le Magnanime.
[22] Ce moulin rapportait au XVe siècle 25 muids de seigle au couvent. Registres échevin. de Louvain. POULLET, "Les juridictions etc.., ouvrage précité.
[23]
WICHMANS, Brabantia mariana.
[24]
MOLANUS fixe l’inauguration du nouveau couvent à l’an 1230.
[25]
L’abbaye de St. Martin de Laon, établie à Prémontré par St. Norbert,
donna son nom à l’Ordre des Norbertins. Cette abbaye est la maison mère
d’où sortirent les premiers religieux que Godefroy le Barbu établit à
Parc, près de Louvain. MIRAEUS,"Opera,diplomat.,t.I, p. 90.
RAYMAEKERS, Recherches historiques sur l’abbaye de Parc.
[26]
Cartulaire de Gempe. Archives de Parc.
[27]
MIRAEUS, "Supplementa ad diplomat, 862.”
[28] Van Gestel, "Historia archiep. Mechlin." Guide fidèle de Louvain. Voir Pellenberg.
[29]
Voir les chartes. Cette dénomination impropre résulte d’une erreur
commise dans la traduction du flamand au latin et au français. Le monastère
de Gempe occupait un territoire qu’on appelait en flamand T’ Serthoghe
Heylandt, c’est-à-dire, la bruyère du duc. Mais une confusion de mots en
a fait T’Serthoghe Eylandt, ce qui voudrait dire l’île du duc. Or, la
configuration du terrain dément cette traduction; il n’y a à Gempe ni
île, ni eaux suffisantes pour en former une; la partie de terres concédées
par Henri I au couvent n’était qu’un démembrement de la vaste bruyère
que possédait le souverain et qui s’étendait depuis Louvain
jusqu’au-delà de Diest. On peut voir dans la charte de fondation de
l’abbaye de Val-Duc, sise à deux petites lieues de Gempe, que les bruyères
s’étendaient de l’une à l’autre de ces deux abbayes.
[30]
La bruyères croît en effet de façon naturelle dans cette région, mais
uniquement sur des sols
sablonneux, qu’on ne rencontre que sur les terrains en forte pente, où le
sable tertiaire apparaît à la surface suite à l’érosion. Or Gempe se
situe dans la vallée de la Molenbeek, qui a un sol argileux et marécageux.
La connaissance du terrain, avec son abondance de ruissaux, plaide plus en
faveur de l’hypothèse de l’île que
de celle de la bruyère.
[31]
MIRAEUS, p. 852.
[32]
L’abbaye de Heylissem, près de Tirlemont fut fondée en 1129. Elle était
de l’Ordre des Prémontrés. Gilles de Ninove fut le septième abbé de
cette maison.
[33]
Archives de l’abbaye de Parc.
[34] Mechlinia nascens et crescens.
[35] Gedenckschriften van Mechelen.
[36]
Bulle par extrait de Grégoire IX, qui accorde etc. ...Vidimus origin. en
latin de maître Aubert de Marka, chanoine et official de... sceau en cire
verte, fruste, pendant à une double bande de parchemin 1228. Archives
de Malines, dû à l’obligeance de M. Van Doren, archiviste communa1.
[37]
Dans la suite le prieuré de Leliëndael, à son tour, donna naissance à un
monastère de sa règle, à Hérentals (1420), cette maison portait le nom
de Hortus conclusus. Ce qui a fait dire, en parlant du cloître de Gempe:
"Mater vallis Liliorum, avia Horti conclusi. " Summaria cronologia
Parchensis, Lov. 1662, WICHMANS, Brabantia mariana.
[38]
BUTKENS, Théâtre sacré du Brabant, p. 82.
[39]
Près de Vilvorde.
[40]
Archives de Parc.
[41]
L’an 1235, la veille de la fête de Ste. Marie Magdeleine, l’archidiacre
de Liège confirma certaines libéralités faites au prieuré, par un
pieux ecclésiastique, nommé Godefroid: ce prêtre avait donné la
collation de la cure de Nieuwrode (à une lieue d’Aerschot et à trois
lieues de Sichem) à la supérieure de Gempe. Celle-ci transféra son privilège
à l’abbaye de Parc.
Godefroid
avait également pour la durée de sa vie, affecté tous les revenus de
cette paroisse au même monastère. Une déclaration de l’archidiacre en
1239 le prouve à l’évidence. Quelques années plus tard, Henri II, duc
de Lothier et de Brabant, transmit aux religieuses de l’Ile-Duc tous les
droits qu’il exerçait sur la chapelle de Nieuwrode; cette donation fut
scellée au château de Tervueren, la veille du jour des innocents en 1239.
Florent,
abbé de St. Corneille de Munster, par chartes du mois d’août 1241,
confirma le droit de patronage que le couvent de Gempe avait sur l’église
de Winghe-St.-Georges.
Ce
droit de patronage avait été conféré au prieuré en 1233 par Geldolphe
de Oppendorp et par Renier de Winghe,
diacre.
Au mois de novembre 1241, les privilèges du monastère s’accrurent encore
grâce aux largesses de Jean d’Aerschot, dit Schoonhove. Ce seigneur renonça
à ses droits personnels sur l’église ou la chapelle de Nieuwrode, et à
la collation de l’autel de la Sainte-Vierge à condition que le révérend
Père Olivier, alors titulaire de ce bénéfice, put en jouir jusqu’à la
fin de ses jours. Après son décès, tous les fruits de cette cure devaient
faire retour au monastère de l’Ile-Duc, sauf à payer la somme annuelle
de 9 livres, petite monnaie de Louvain, au chapelain du couvent. Dans la
suite, le même sire de Schoonhoven déclara n’avoir plus aucun droit sur
la dite église .
[42]
Archives de Parc.
[43]
WICHMANS, Brabantia mariana.
[44]
Archives de Parc.
[45]
Vers ce temps, en 1250, l’abbaye de l’Ile-Duc obtint de l’évêque de
Liège, Henri de Gueldre, la confirmation de toutes les donations faites par
le duc de Brabant (Cartulaire de Gempe; archives de Parc ). A cette même époque,
la communauté reçut d’un bienfaiteur une part dans la dîme de Winghe-St
.-Georges. (Cartulaire de Gempe).
[46]
Le 14 novembre. Archives de l’abbaye de Parc.
[47]
Aujourd’hui le moulin à eau de Gempe.
[48]
Archives de Parc.
[49]
Henri II, fidèle à la promesse de protectorat que son père Henri I avait
faite à la communauté, la gratifia, en 1251, de 24 bonniers de bruyères,
situées sous Houdert. L’évêque de Liège ratifia cette libéralité
dans le courant de la même année, et délivra la confirmation du droit au
patronage sur l’église de Winghe-St.-Georges, que l’lle-Duc avait déjà
reçue de Geldolphe de Oppendorp. Henri, sire de Bautersen, transmit au
monastère en mai 1225 tous ses droits sur l’église de Cortelke, ainsi
que les dîmes qu’il percevait des terres de cette commune.
Déjà
en 1236, ce seigneur avait fait la même donation, par devant le doyen de
St. Pierre à Louvain. Mais pour éviter les contestations qui auraient pu
surgir par rapport à son age: lors de la première fondation, il n’avait
pas 25 ans; il voulut la confirmer par ses lettres de 1255.
Nous
voyons qu’au XVe siècle, la grande dîme de Cortelke revenait à
l’abbaye de Gempe, tandis que la petite était réservée au curé de
l’endroit. La donation de Henri de Bautersen fut approuvée à Rome par un
bref du Pape Innocent IV, donné au palais de Latran, le huitième jour des
ides de février (6 février) 1254. Cette bulle confirmait la donation
faite par le sire de Bautersen, en 1236, et de la validité de laquelle on
doutait. Par le même acte, le saint Père ratifia le droit de patronage que
le monastère avait acquis sur les églises de Winghe-St.-Georges et de
Nieuwrode. Remarquons que l’évêque de Liège avait déja, en
1252,approuvé la charte de 1236, qui conférait le patronage de l’église
de Cortelke au prieuré. Le prélat avait reconnu la même année le droit
du monastère sur les fruits de Nieuwrode.
[50]
Le tombeau des deux époux se trouvait jadis dans l’église paroissiale de
Pellenberg. Il était recouvert d’une pierre tumulaire, qu’il faut
rapporter évidemment au XVe siècle et non au XIIIe. Il est probable que
cette épitaphe a été faite en remplacement d’une inscription plus
ancienne. Ce monument funéraire de marbre bleu nous représente le
chevalier couché les mains jointes et armé de toutes pièces; au bras
gauche pend son
bouclier
peint aux armes de Udekem: de sable à trois maillets d’or, à sa droite,
à ses pieds repose le casque; à sa gauche le gantelet.
Laurette
de Perwez est représentée couchée à côté de son mari, également les
mains jointes. Elle a les épaules couvertes d’un manteau avec col et
bordure d’hermine; à sa gauche se trouve l’écusson en losange écartelé
au I° et au 4° de Louvain-Perwez, au 2° et au 3° de Looz.
[51]
MOLANUS le nomme Jean de Hontheim.
[52]
RAYMAEKRS, "Recherches historiques sur l’abbaye de Parc."
[53]
WICHMANS, Brabantia mariana.